Baie de Cupabia : débarquement des missions Sea Urchin et Frederick, en provenance d'Angleterre

Origine de la source: 
Antoine Poletti
Section: 
Géoloc
Ville: 
Cupabia
Id: 
1 150
Texte long: 

Dans la nuit du 6 au 7 janvier, débarquement, par le sous-marin britannique HMS Tribune, de la mission Sea Urchin conduite par Fred Scamaroni accompagné par deux hommes: la mission Sea Urchin a été préparée à Londres sous le contrôle du général de Gaulle. 

Dans la nuit du 10 au 11 février, débarquement par le sous-marin britannique HMS Saracen de la mission Frederick conduite par Guy Verstraete (Vernuge) accompagné de Charles Andrei et Antoine Colonna d’Istria.

Latitude/Longitude: 
POINT (8.78167 41.7392)
Citations: 

La mission Sea Urchin

En relation avec  le S.O.E. (Special Operation Executive, un service secret anglais), depuis Alger, où les Alliés ont pris pied depuis la 8 novembre 1942, le Général de Gaulle charge Fred Scamaroni d’établir le contact avec la Résistance corse. Pour cette mission, baptisée Sea Urchin (Oursin), Fred Scamaroni sera accompagné par un radio, J.B. Hellier et un Britannique, instructeur en armement, James Anthony Jickell. Ces trois hommes devront débarquer clandestinement sur les côtes corses par un sous-marin.

Partis le 30 décembre 1942 d’Alger, le sous-marin H.M.S. Tribune est retardé par une forte houle. Il atteint le golfe de Lava, au nord d’Ajaccio le 5 janvier. La mise à terre est prévue le 6 janvier à 0 h. 30 mais à cause d’une forte houle et surtout d’un projecteur qui balaye la plage, le commandant Porter renonce et se dirige vers un autre lieu : ce sera la baie de Cupabia, au sud du golfe d’Ajaccio et au nord du golfe du Valinco. Faute de moyens de communications entre Alger et la Corse, la mission n’est pas attendue ; donc il n’y aura personne pour l’accueillir… sauf peut-être les occupants italiens.Le lieu précis de la mise à terre sera la plage du Scogliu biancu (Le rocher blanc).

"A 21 h. 40, Porter détermina la route pour l’approche vers la plage de débarquement et poursuivit sa marche sur ses moteurs principaux. 
"A 23 h. 45, les deux canots pneumatiques, les bagages et une bicyclette pliante, d’un modèle conçu par le S.O.E., furent montés sur l’avant. Les canots furent gonflés et l’assiette du sous-marin fut abaissée sur l’avant. 
"A 00 h. 25, à la position suivante : 41° 44’ N., 08° 15’E., et à 550 mètres du point d’échouage, les deux dinghies furent mis à l’eau et chargés. Porter nota dans le journal de bord que les trois agents embarquèrent avec un moral élevé. A 00 h. 35, les embarcations larguèrent les amarres et se dirigèrent vers la terre selon une route droite, à bonne allure. Ils étaient visibles sur le fond blanc des rochers presque jusqu’à leur arrivée au rivage. La nuit était claire et très étoilée, avec une légère brume vers le large. […] » (1) 
"A 01 h. 25, le débarquement effectué, les canots quittent la plage pour rejoindre le sous-marin qu’ils atteignent vers 02 h. 30. Mission accomplie pour le sous-marin ! Celle de Fred Scamaroni commence.

« Scamaroni se mit en route seul à travers le maquis en direction d’Ajaccio, à 30 km de là, avec sa bicyclette sur le dos. Il laissa Hellier et Jickell près de la plage dissimuler le poste radio, les bagages de l’équipe et une valise scellée dont lui seul connaissait le contenu : elle contenait la plus grande partie de tous les fonds, qui se montait à un million de francs destinés à financer la les opérations de la mission […]. Continuant son chemin à travers la campagne jusqu’à la rivière Taravo, il tomba dans un fossé et s’y endormit jusqu’à l’aube. Puis il poursuivit sa route à vélo vers Ajaccio où il arriva à la nuit tombante, transi et affamé. Sous l’identité d’un voyageur de commerce, il frappa à la porte d’un homme nommé Raimondi, un entrepreneur de travaux publics et propriétaire de cinéma, qui avait été choisi par Achille de Peretti, futur président de l’Assemblée nationale, pour être l’adjoint de Scamaroni à la tête de la mission […].

Jickell  et Hellier, après avoir dissimulé leurs bagages, semblèrent avoir pris la route d’Ajaccio. Poli (Un résistant du mouvement Combat) et un homme du nom de Vignocchi allèrent à leur recherche en voiture et les retrouvèrent, mourant de faim et égarés. Ils furent ramenés à Ajaccio et installés dans une maison sûre. » 1

Le lendemain, le 9 janvier, Jickell et Hellier, en compagnie de quelques résistants retournèrent sur les lieux du débarquement récupérer les bagages. Ils les retrouvèrent mais une d’entre elles manquait. C’était celle qui contenait des armes, des quartz de rechange pour les postes radio d’Héllier et la plus grande part de l’argent de la mission. Après une enquête rapidement menée, il s’avéra que c’était un jeune berger qui l’avait dérobée. « Après quelques menaces de mort traditionnelles en Corse et une promesses de silence, les parents du jeune berger finirent par rendre la valise et son contenu, dont les trois quarts de l’argent.»2

  • 1. Ce récit est fait à partir du livre de Sir Brooks Richards «Flottilles secrètes, Les liaisons clandestines en France et en Afrique du Nord. 1940-1944. Ed. MDV. 
  • 2. Ce récit est fait à partir du livre de Sir Brooks Richards «Flottilles secrètes, Les liaisons clandestines en France et en Afrique du Nord. 1940-1944. Ed. MDV. 

Extraits du livre de Maurice Choury La Résistance en Corse -Tous bandits d’honneur - Éditions sociales (1968) - La Marge Edition (1988); Éditions Piazzola septembre (2011)

La mission et le réseau Frederick

La mission Frederick mise à terre dans la baie de Cupabia. 11 février 1943.

Après la mission Pearl Harbour débarquée par le sous-marin « Casabianca » en Décembre 1942, au nord de Cargèse, c’est la mission « Sea Urchin » conduite par Fred Scamaroni qui est débarquée début janvier 1943 au nord de Propriano par le sous-marin « HMS Tribune ». En février 1943, c’est au tour de la mission « Frederick », elle aussi venue d’Alger, de prendre pied en Corse. Elle est organisée par le Service Secret d’espionnage Britannique I.S.L.D. (Inter Service Liaison Département) M.I.6. Son objectif : créer un réseau de renseignements pour informer les Alliés sur les Forces ennemies italiennes qui occupent la Corse depuis le 11 novembre 1943.  Elle est dirigée par un opérateur radio des Services Secrets britanniques, Guy Verstraete, âgé de 25 ans (nom de code : Wlaminck -  nom d’emprunt : Guy, Charles, Vernuge). Il est  accompagné par deux Corses : le premier, Antoine Colonna d’Istria, âgé de 37 ans,  originaire de Petreto-Bicchisano, directeur d’un Monoprix à Alger. Le deuxième, un parent à lui, Charles Simon Andreï, âgé de 40 ans est instituteur dans cette même ville.

Les trois hommes quittent Alger le 7 février au soir à bord du sous-marin H.M.S. Tribune avec un émetteur radio, des armes automatiques et leurs affaires personnelles. Dans la nuit du 11 février, à 2 heures 10, le sous-marin choisit la baie de Cupabia (Celle-là même où avait débarqué Fred Scamaroni) pour débarquer la mission. A un mille de distance de la côte, le sous-marin met deux canots à la mer. Ils transportent hommes et matériel jusqu’au lieu-dit Scogliu Biancu, près de Cala di Giglio ; non sans quelques frayeurs parce qu’un projecteur ennemi situé à 300 mètres au-dessus balaye la baie de sa lumière.

La mission n’est pas attendue. Il n’y a donc pas de comité de réception. Les hommes doivent dissimuler leur matériel et  quitter la plage et à travers le maquis se hasarder à la recherche de patriotes.

Vie et fin du réseau Frederick.

Le contact est établi avec des parents et amis corses. Colonna d’Istria rejoint Petreto-Bicchisano, Andreï est hébergé par un ami, Jean-Donat Léandri à Propriano. Quant à Vernuge, il s’installe avec son poste radio dans uns bergerie située à 1 km de Tivolaggio, village distant de 16 km de Propriano. De là, il émettra jusqu’à son arrestation, une quarantaine de messages, renseignant les Alliés sur le dispositif des troupes d’occupation.

Informé de l’arrivée à Cupabia, (là où eux-mêmes avaient débarqué), entre  le 9 et 12 avril, d’un sous-marin venant d’Alger, Vernuge et Andrei se rendent sur les lieux pour l’accueillir. Victimes d’un délateur, ils sont arrêtés par les carabiniers. En attendant que ces derniers vérifient leur identité, ils sont enfermés dans une porcherie. Vernuge réussit à cacher sous les tuiles une carte détaillée du golfe du Valinco qui était destinée au sous-marin. Leur identité acceptée, les deux hommes  peuvent repartir, libres, mais un carabinier, poussé par la curiosité, retourne à la porcherie et y découvre la carte qui dépassait des tuiles. Les deux hommes sont rattrapés, arrêtés dans la demi-heure qui suit et conduits à Propriano, et faits prisonniers.

Ils résistent à la torture pendant 24 heures, le temps pour le réseau de s’évanouir dans le maquis. Tous n’y parvinrent pas. Leandri et Tomasini sont arrêtés. L’épouse de François Peretti (Scatena) sera détenue aussi pendant quelques semaines avant d’être relâchée. Les quatre hommes : Vernuge, Andrei, Leandri et Tomasini sont ensuite incarcérés dans la citadelle d’Ajaccio  pour y être torturés.

D’Ajaccio ils sont conduits à Bastia où siège le tribunal de guerre du 7ème Corps d’Armée italien. Le procès des hommes du réseau et celui de Louise Simponpietri qui avait abrité Vernuge à Tivolaggio, a lieu le 5 juillet 1943. Verdict :
Vernuge et Andréi condamnés à mort. Ils sont fusillés le 6 juillet. Vernuge, le belge, s’écroule en criant : « Vive la France ».
Léandri, Tomasini condamnés à 30 ans de prison. Ils mourront sous les bombardements alliés dans leur prison de Castel franco en Italie.
 Les fugitifs sont condamnés in absentia :
Antoine Colonna d’Istria, François Peretti (Pierre Scatena), condamnés à mort.
Tramoni et Mondoloni, 24 ans de prison.
Louise Simonpietri, la mère de Cesari, qui avait abrité Vernuge à Tivolaggio, est relâchée.

                                                                                                                    A.P.

Bibliographie :
« Frederick » la mission oubliée. Terry Hodgkinson. Larsen Grove Press. 2007
“Flotilles secrètes”. Les liaisons clandestines en Corse et en A.F.N. 1939-1945. Sir Brooks Richards. Ed. MDV
 

Le monument de granite gris sur la plage de Cupabia est unique en Corse

Le monument de granite gris sur la plage de Cupabia est unique en Corse. Ce n’est pas seulement un hommage à trois hommes courageux, le Belge Guy Verstraete, nom de code Vernuge et deux Corses, Charles-Simon Andrei et Antoine Colonna d’Istria, des agents secrets envoyés d’Alger par le Service Secret MI6 mais aussi un hommage au sous-marin anglais HMS Saracen qui les a amenés là en Février 1943. 

Les agents avaient été envoyés dans le Valinco pour une mission d’espionnage très dangereuse. Ils devaient ramasser autant d’informations que possible sur les forces d’occupation italienne dans la région ; champs de mines, obstacles de béton sur les plages, même sur des individus et leurs régiments et transmettre ces informations par radio, à Alger, pour être éventuellement utilisées pour un débarquement allié en Corse du Sud Ouest.

Ils travaillèrent avec des hommes de confiance de Propriano et des environs, tous sans exception des membres courageux de la résistance. Si l’un d’entre eux avait été pris ils auraient fait face au peloton d’exécution italien. Aujourd’hui un seul d’entre eux est encore en vie, Benoît Mondoloni qui avait 16 ans a l’époque. 

La mission d’espionnage, nom de code Frederick, fonctionnât pendant trois mois et Verstraete transmit avec succès des informations sur les forces d’occupation italiennes de Capo di Muro jusqu’au golfe de Figari. 

Mais en Avril 1943, un mouchard informât les Italiens Qu’un sous-marin britannique avait déposé des agents secrets dans la baie de Cupabia. A partir de ce moment là, les Italiens se méfièrent. 

Le 12 Avril 1943, Verstraete et Andrei partirent vers Cupabia pour un rendez-vous avec un sous-marin britannique afin de remettre des plans et des desseins faits par Andrei, un artiste talentueux, et pour collecter des vêtements et de la nourriture. Après avoir attendu deux nuits, le sous-marin n’arrivant pas, Verstraete et Andrei retournant vers Propriano furent arrêtés par les Italiens à Serra di Ferro. Les Italiens découvrirent les documents secrets et les deux agents furent amenés à Propriano et sévèrement torturés par l’OVRA. Ils résistèrent 24 heures pour permettre aux autres membres du groupe de s’échapper dans le maquis, mais ils finirent par admettre qu’ils avaient été envoyés d’Alger.

Ils furent tous les deux condamnés à mort par un tribunal militaire italien à Bastia. Verstraete ne confessât jamais qu’il était Belge ; disant seulement qu’il était Français. Ils moururent courageusement le 5 Juillet 1943. Verstraete fut le seul étranger fusillé en Corse par les Italiens. 

Quand au HSM Saracen, après sa mission à Cupabia, il se rendit dans sa zone de patrouille sur la côte Est de la Corse. Son Capitaine le Lieutenant Michael Lumby avait un impressionnant tableau de chasse. Il torpillait tous les bateaux entre l’Italie et la Corse, des remorqueurs, des goélettes armées et entre autres un navire de munitions italien et le SS Francesco Crispi qui transportait des soldats italiens vers la Corse. HSM Saracen le torpillât entre Bastia et l’île d’Elbe et 800 soldats italiens moururent. 

Après le coulage du Francesco Crispi les Italiens étaient déterminés à couler HMS Saracen qu’ils considéraient comme très dangereux, menaçant leur occupation de l’île. 

Le vendredi 13 Août 1943 HMS Saracen fut détecté par deux Corvettes italiennes, Le Minerva et l’Euterpe, près du Cap Corse. Le sous-marin fut endommagé par des grenades sous- 

marines. Mais le Lieutenant Lumby refusât de perdre HMS Saracen un vendredi 13. Il dit à son équipage que cela leur porterait malheur pour le reste de leurs vies. Ils resteraient submergés jusqu’au samedi 14 puis ils feraient surface et l’équipage abandonnerait le sous-marin pendant que lui et l’ingénieur en chef le feraient sombrer. Tout l’équipage fut sauvé à l’exception de deux marins. 

Le 11 Septembre 1993 le capitaine Lumby fut invité à Bastia pour dévoiler une plaque dans la citadelle disant ‘ À la glorieuse mémoire du HMS Saracen qui a sombré au large de Bastia le 14 Août 1943’ 

En 2008 des représentants des familles de Guy Verstraete, Antoine Colonna d’Istria ainsi que des membres de l’équipage du HMS Saracen vinrent à Cupabia pour prendre part a la cérémonie du 9 Septembre organisée par la mairie de Coti Chiavari. Ils furent très bien reçus et l’occasion fut mémorable. Environ 16 personnes reviendront cette année ainsi qu’un représentant de la Royal Navy, pour assister à la cérémonie à Cupabia. Ils attendent qu’une date soit fixée pour organiser leur voyage autour du 9 Septembre. 

Terry Hodgkinson. 20 Mai 2013 

Godefroy (dit "Fred"), François-Jules Scamaroni

Né à Ajaccio, le 24-10-1914. Décédé le 19-03-1943 à Ajaccio

 

Godefroy (dit "Fred"), François-Jules Scamaroni, est né le 24 octobre 1914 à Ajaccio. Son père, mort à 47 ans, d'abord avocat au barreau de Paris, a opté pour une carrière préfectorale qui s'achève dans le Loiret. Sa mère, Charlotte de Peretti, soeur de Jean de Peretti est née à Ajaccio en mars 1891. Fred Scamaroni a deux soeurs, Marie-Claire, l'ainée, et Annick, la benjamine. Cette famille est proche des milieux radicaux-socialistes.

Fred Scamaroni, étudiant en 1934, participe aux côtés de la gauche, aux manifestations de février 1934. Il obtient une licence en droit et passe le concours de chef de cabinet de préfecture. Il fait ses débuts à Besançon après un service militaire effectué à l' Ecole d'officiers de réserve de St-Maixent. En 1937, il est sous-lieutenant au 65e régiment d'infanterie de Nantes.

 

 

Pendant la Guerre.

Quand la guerre commence en 1939, il est chef de cabinet du préfet du Calvados. Maintenu à son poste civil, il obtient d'être affecté, à partir du 4 septembre, à un régiment de réserve d'infanterie cantonné dans le Nord, puis, sur sa demande, en décembre 1939, à la base aérienne de Tours où il obtient, le 17 mai 1940, le brevet d'observateur en avion. Il est sérieusement blessé deux jours plus tard.
Pendant la période de l'exode, il réussit, le 16 juin, à rejoindre sa base à Tours, puis, avec d'autres officiers de l'armée de l'Air, il gagne St-Jean-de-Luz. Le 21 juin, une opportunité de gagner l'Angleterre s'offre à eux : 110 volontaires peuvent s'embarquer sur deux croiseurs polonais qui arrivent le 23 à Plymouth. Le 26, Fred Scamaroni signe son engagement dans les Forces françaises libres. Volontaire pour l'opération Menace, il quitte Liverpool, le 31 août 1940, vers la Sierra Leone, puis vers Dakar, où il participe, le 23 septembre, à une mission de négociation auprès du gouverneur général Boisson. Immédiatement arrêté, il reste emprisonné dans des conditions très éprouvantes jusqu'en décembre 1940 à Dakar, puis à Bamako et à Alger. Ramené en France, malade, il est transféré à la prison de Clermont, jusqu'à sa libération le 2 janvier 1941.
Révoqué du corps préfectoral, il occupe un poste subalterne au secrétariat d'Etat au Ravitaillement à Vichy, ce qui lui donne des motifs officiels pour se déplacer. Il se rend en Corse en avril 1941 après avoir pu être confirmé comme agent de la France libre. A Vichy même, il a déjà créé avec quelques amis le réseau de renseignement militaire Copernic. Il a pu avoir des contacts avec P.H. Teitgen et H. de Menthon, fondateurs du mouvement Liberté.

Ses objectifs majeurs sont en Corse, son pays natal, dont il mesure toute l'importance stratégique et où il espère un débarquement allié, qui serait préparé et soutenu par le réseau FFL R2 Corse, sous l'autorité du général de Gaulle. Il y fait un deuxième voyage en octobre avant d'être rappelé à Londres en décembre 1941. En 1942, il est intégré à l'état-major particulier de De Gaulle et suit un stage de formation au BCRA . Son pseudo est "François-Edmond Severi". Son ordre de mission pour la Corse, Sea Urchin, est signé le 9 décembre. Le 17 décembre, il est à Alger où le général Giraud ignore le réseau FFL. Il gagne la Corse, occupée depuis le 11 novembre 1942, sur un sous-marin britannique, dans la nuit du 6 au 7 janvier 1943. Il a de faux papiers au nom de Joseph Grimaldi, représentant de commerce. Il débarque dans le golfe du Valinco avec un radio, Hellier, un officier anglais spécialiste du repérage des terrains d'atterrissage, des matériels et des fonds. Il gagne Ajaccio par des moyens de fortune pour rencontrer Archange Raimondi. Il a d'autres contacts avec Antoine Serafini et Fernand Poli.
Dès lors, jusqu'en mars 1943, il a une intense activité de recrutement, de préparation à la réception et au camouflage des armes. Dans le Nord de l'île, il a l'appui de Jean Zuccarelli et des Giacobbi. Il cherche le contact avec les mouvements de Résistance Combat et Libération qui ont les mêmes dirigeants. Il ne parvient pas à créer une structure unitaire. Il rencontre, dès le 10 janvier, Nonce Benielli, pour une action commune avec le Front national (FN). Mais leurs vues sur les problèmes d'autorité et sur le processus de Libération sont divergentes. Le FN préfère le contact avec les émissaires de Giraud.
Le temps va faire défaut à Fred Scamaroni. Il demande le remplacement d'Hellier auquel il ne fait plus confiance. Le 12 mars, un sous-marin anglais débarque un autre radio ainsi que des armes et de l'argent.

Fred Scamaroni sait son réseau en partie repéré, mais veut terminer son travail à Ajaccio. Il y est arrêté par l'OVRA dans la maison des Vignocchi, dans la nuit du 18 au 19 mars 1943. Quelques heures après Hellier et huit autres membres du réseau sont arrêtés la même nuit ; et, pour les autres, la traque va continuer dans les semaines suivantes. Vingt-quatre heures après, Fred Scamaroni, qui a résisté aux interrogatoires, se suicide dans sa cellule de la citadelle d'Ajaccio. le 19 mars 1943, à l'âge de 29 ans. L'évêque d'Ajaccio lui refuse l'absoute.

Hélène Chaubin CD-ROM « La Résistance en Corse » AERI

N.D.L.R. : Louis Luciani conteste la thèse souvent avancée, selon laquelle ce serait Héllier qui aurait parlé sous la torture. Et aurait-il parlé sous la torture ? combien de purs patriotes résistants n'y ont pas résisté.

 

 

 

Monument de Cupabia
Vue sur la baie de Cupabia
la Baie de Cupabia
Le sous-marin britannique HMS Tribune
Sous-marin Saracen
datedebut: 
Mercredi, 6 Janvier, 1943