Anse de Favone: récupération de marins et de résistants par le sous-marin Casabianca

Origine de la source: 
Antoine Poletti
Section: 
Géoloc
Ville: 
Favone
Id: 
1 161
Texte long: 

Le 10 mars, après une tentative infructueuse à Canelle (à 2 ,5 km au sud de Solenzara), le sous-marin Casabianca se rend plus au sud, dans l’anse de Favone, et réussit sa mission : récupérer deux membres de la mission Pearl Harbor et cinq membres de l'équipage du sous-marin restés involontairement en Corse lors de précédents débarquements sur la côte ouest de l’île.

Latitude/Longitude: 
POINT (9.395199 41.774928)
Citations: 

Depuis Alger, partent des missions chargées d’établir le contact avec la Résistance corse

Ces missions dont organisées dans le but :

1) de recueillir des renseignements sur le dispositif militaire de l’occupant.
2) de fournir des armes aux patriotes.

Après avoir touché la côte corse par l’ouest, à Topiti, Arone et Saleccia, le sous-marin Casabianca a pour mission, en ce mois de mars 1943, de se rendre dans l’anse de Canelle à 2,5 km au sud de Solenzara pour embarquer deux hommes de la mission Pearl Harbor – Laurent Preziosi et Toussaint Griffi- et en débarquer deux autres. Il lui faut récupérer aussi cinq sous-mariniers : Asso, Cardo, Lionnais, Vigot et Lassere restés involontairement à terre lors des précédents « touchers ».

L’arrivée du Casabianca était prévue pour le 7 mars mais il n’est pas au rendez-vous. L’attente est longue pour tous ces hommes : les cinq sous-mariniers, les trois hommes de la mission – L. Preziosi, T. Griffi et De Saule - et les Résistants chargés de l’accueil : François Carli, Jean Nicoli, André Giusti et Pierre Griffi, le cousin de Toussaint. Ils sont pris en charge par Dominique Poli et logent dans un hôtel peu fréquenté. Il faut dire qu’à l’époque la malaria sévit dans ces plaines insalubres et dissuade même les troupes italiennes d’y séjourner.

Tous les soirs et jusque tard dans la nuit, depuis le 8, ils scrutent en vain le large pour apercevoir le sous-marin. Et chaque fois nous rentrons bredouille, écrivent Laurent Preziosi et Toussaint Griffi 1 […] Mais ces deux journées nous permettent de nous reposer et d’échanger nos vues sur l’avenir de la résistance. Dominique Poli nous communique les dernières nouvelles de Radio-Londres et Radio-Alger. […] André Giusti se montre prestidigitateur de grand talent par quelques tours de passe-passe qu’il exécute sous l’œil amusé de tous les spectateurs. Il suscite même l’émerveillement d’une vieille dame qui, attirée par les rires bruyants de toute l’assistance, est venue participer au spectacle.

Le 10 mars, l’équipe sort à nouveau, la nuit venue, pour longer la côte, attentifs au moindre signe, au moindre bruit qui révèlerait la présence du Casabianca. C’est en fait par le bruit des moteurs diesels, reconnus par un sous-marinier, que les hommes à terre sont assurés que ce soir le Casabianca est bien là. Il apparaît dans une demi-obscurité. Il est bien au rendez-vous fixé, dans l’anse de Canelle mais la mer est trop agitée en ce lieu et mieux vaut aller un kilomètre plus au sud, dans l’anse de Favone, plus calme pour faire les transferts. Et encore heureux que les patriotes aient pu trouver un pêcheur qui accepte avec sa barque –embarcation plus sure- de convoyer tout le monde. « Nous aurions pu y débarquer aisément une grande quantité de munitions si la persistance inaccoutumée du vent d’Est ne nous avait pas considérablement gêné et si nous n’avions pas perdu notre youyou dans la tempête en baie de Bon Porté. Quant à nos lascars (les sous-mariniers revenus à bord), leur joie d’avoir rallié leur Casabianca est touchante. 2

Pour le Casabianca, ce sera le seul et unique « toucher » sur la côte est de l’île. C’est sur la côte ouest qu’il continuera d’opérer.

  • 1. Première mission en Corse occupée. T. Griffi et L. Preziosi. Ed. L’Harmattan. 1988. Page 178
  • 2. Commandant L’Herminier. « Casabianca ». Ed. France-Empire. Page 194
Anse de Favone
datedebut: 
Mercredi, 10 Mars, 1943