Arrestation de Jean Nicoli, Jérôme Santarelli et Jacques Bonafedi -
A Ajaccio, dans un immeuble de la rue Solférino, ont été arrêtés Jean Nicoli, responsable à l’armement du Front National, Jérôme Santarelli, responsable militaire du Sartenais, et Jacques Bonafedi. Jean Nicoli sera exécuté. J. Santarelli et J. Nicolaï seront condamnés et déportés. Cette plaque commémorative en mémoire de Jean Nicoli est apposée sur la façade de l'immeuble. Date : Dimanche, 27 Juin, 1943 Lire la suite ...Arrestation de Jean Nicoli, Jérôme Santarelli et Jacques Bonafedi -![]() A Ajaccio, dans un immeuble de la rue Solférino, ont été arrêtés Jean Nicoli, responsable à l’armement du Front National, Jérôme Santarelli, responsable militaire du Sartenais, et Jacques Bonafedi. Jean Nicoli sera exécuté. J. Santarelli et J. Nicolaï seront condamnés et déportés. Cette plaque commémorative en mémoire de Jean Nicoli est apposée sur la façade de l'immeuble. |
POINT (8.72444 41.9139) |
Média(s) associé(s)
Personne(s) associée(s)
Bio : Jean Nicoli Nicoli Jean
![]() Jean Nicoli, l'un des dirigeants les plus actifs du Front national (FN) corse, membre du Comité départemental, est aussi l'une des dernières victimes de la répression conduite par l'OVRA (Organisation de vigilance et de répression de l'antifascisme), la police politique italienne. Il est exécuté dix jours avant l'insurrection du 9 septembre 1943, après avoir montré un courage et des convictions exemplaires. Jean Nicoli est né le 4 septembre 1899 à San-Gavino-di-Carbini. Il a trois frères et une soeur et ses parents sont de petits épiciers. Après l' Ecole normale d'instituteurs d'Ajaccio, et le service militaire accompli dans le Génie en 1920, il rejoint son premier poste à Sorio, dans le Nebbio. Il se marie en 1922 avec une institutrice, Marie Jeanne Olivieri, et a un fils, Don Jacques en octobre 1923. Il est alors en poste à Ste-Lucie de Porto-Vecchio, puis en 1924 à San Gavinu. Sa femme et lui obtiennent alors un poste double dans le Haut-Sénégal (aujourd'hui le Mali), successivement à Kayes puis à Bamako où nait Francette Nicoli en avril 1925. Il reste en Afrique jusqu'en 1934, et y devient directeur d'école à Mopti. Il y tient un journal, riche en observations critiques sur certaines pratiques de la colonisation et écrit un livre L'Ecolier noir. La dégradation de l'état de santé de sa femme l'oblige à regagner la France. Elle est soignée à Paris -en vain -. Elle décède en février 1937 en Corse où les Nicoli ont pu rentrer, d'abord à Olmeto puis à Propriano. Jean est directeur d'école. Il se trouve donc à Paris dans une période cruciale, celle de l'affrontement des gauches et des droites et de la venue au pouvoir du Front populaire. Il est alors instituteur rue Lepic. Il adhére au Parti socialiste. Sa carrière d'enseignant se termine dès 1938, à la suite d'une grave opération de la gorge. Il s'occupe alors avec son frère de problèmes d'équipement dans son village natal, par exemple de l'adduction d'eau. Il réagit à la situation internationale en donnant des articles au Journal de la Corse, en particulier, en rejetant les visées du gouvernement fasciste sur la Corse en 1938. Quand la guerre éclate, il est mobilisé dans le Génie à Corte, puis à Rodez. Il revient en Corse après l'armistice et il prend tout de suite des positions anti-pétainistes Il participe à la formation des premiers petits groupes de résistants à San Gavinu et à Casalabriva. En 1942, il est dans le Sartenais et a des contacts avec le Front national : François Carli, Nonce Benielli, et Arthur Giovoni avec lequel il s'efforce de trouver des armes, à la fin de 1942, pour les patriotes. Il serait l'un des auteurs du chant des patriotes en Corse, la Sampiera. Il adhère au Parti communiste clandestin, le 28 décembre 1942. Auteur:
Hélène Chaubin
Source:
SOURCES PRIMAIRES : |
Bio : Jérôme Santarelli Santarelli Jérôme
![]() SANTARELLI Jérôme (Charles-Jérôme) dit Robert: (1912-2008) |
Bio : Antoine Nicolaï Nicolaï Antoine
![]() NICOLAI Antoine: (décédé le 17 juin1943) |
Article(s) associé(s)
![]() Jérôme Santarelli raconte comment il fut arrêté, avec Jean Nicoli et Jacques Bonafedi.Témoignage recueilli par Alain Bungelmi. GénérationS des Amis n° 5 de janvier 2001. page 4 "Ces trois mots, si douloureusement inscrits dans ma mémoire me ramènent à ce jour de juin 1943 au goût âcre du piège et de la trahison. Depuis le 11 novembre 1942 le fasciste arrogant et dominateur règne en maître. Face à sa morgue, à ses prétentions annexionnistes, le Front National rassemble tous ceux qui viscéralement attachés à la mère patrie, follement épris de paix et de liberté, sont résolus à se battre pour la libération du sol natal. En ce début de l'été 1943, la montée en puissance de l'action de la Résistance inquiète l'occupant. Il lui faut réagir sans tarder. Le 17 juin des résistants se trouvent en difficulté, pressés par la police italienne. Eclate la fusillade de la Brasserie Nouvelle. Elle causera la perte cruelle de nos camarades André Giusti et Jules Mondoloni sans que l'ennemi aie pu en tirer un quelconque avantage. C'est au contraire la Résistance qui mobilisera d'autres énergies après ce tragique événement. Les forces d'occupation croiront tenir leur revanche lorsque la possibilité leur est donnée, dix jours plus tard, d'appréhender un membre du comité directeur du Front National. Effectivement, le 27 juin, chez Antoinette et Jacques Bonafedi, 9 boulevard Madame Mère à Ajaccio, nous préparons avec Jean Nicoli la réception du sous-marin Casabianca qui doit nous livrer plusieurs tonnes de matériel de guerre. Les fascistes cernaient l'immeuble. Nous détruisons immédiatement les documents que nous consultions. Toutes les issues étant gardées nous cherchons un refuge dans les caves. C'est là que je suis découvert le premier. Un agent de l'OVRA s'écrie : "Non e lui !" On apprendra plus tard que nos assaillants étaient en possession d'une fausse carte d'identité portant la photographie de Jean Nicoli trahi par le radio "Pierre". Le commandant l'Herminier avait déjà exprimé au sujet de ce dernier les plus grandes appréhensions. Nous sommes tous les trois arrêtés. Inconnu des policiers de l'OVRA je serai condamné, ainsi que Jacques Bonafedi, à 30 ans de réclusion. Il en ira tout autrement pour Jean Nicoli identifié comme un des principaux dirigeants de la Résistance. De cet instant commencera un terrible calvaire. Rien ne sera épargné au combattant qui incarnait si hautement la résistance à l'ennemi. Toute tentative de le faire évader s'avèrera vaine. Ses tortionnaires devront pourtant renoncer à obtenir de lui le moindre renseignement. Le bourreau devra s'avouer vaincu par l'homme enchaîné qui au seuil de la mort écrit à ses enfants : "… Ne pleurez pas. Souriez-moi. Soyez fiers de votre papa, il sait que vous pouvez l'être. La tête de Maure et la fleur rouge, c'est le seul deuil que je vous demande... ". Au matin du 30 août 1943, Jean Nicoli était sauvagement assassiné par la vermine fasciste. Jérôme Santarelli, déporté, résistant. Président départemental de l'ANACR
|