Embouchure du Travo : débarquement et récupération de résistants -
Le 6 avril 1943, le sous-marin HMS Trident, commandé par le Lt. P.E. Newstead, débarque à l‘embouchure du Travo, Paulin Colonna d’Istria, missionné par Giraud et accompagné de son radio, Lionel Lee. De Saule, chef de la mission Pearl Harbor, en Corse depuis le 13 décembre est embarqué pour rejoindre Alger ; ainsi que Jickell de la mission Sea Urchin débarqué avec Scamaroni début janvier. Date : Mardi, 6 Avril, 1943 Lire la suite ...Embouchure du Travo : débarquement et récupération de résistants -![]() Le 6 avril 1943, le sous-marin HMS Trident, commandé par le Lt. P.E. Newstead, débarque à l‘embouchure du Travo, Paulin Colonna d’Istria, missionné par Giraud et accompagné de son radio, Lionel Lee. De Saule, chef de la mission Pearl Harbor, en Corse depuis le 13 décembre est embarqué pour rejoindre Alger ; ainsi que Jickell de la mission Sea Urchin débarqué avec Scamaroni début janvier. Vers le 15 juin, le sous-marin HMS Sibyl décharge du matériel et fait monter à bord Paulin Colonna d’Istria pour des entretiens avec le lieutenant Lamning du S.O.E. mais Colonna ne pourra plus retourner à terre parce que les Italiens ont donné l’alerte. Il ne sera débarqué à nouveau en Corse que deux semaines plus tard. |
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Bio : Paulin Colonna d'Istria Colonna d'Istria Paulin
![]() Artisan de la synthèse des mouvements, réseaux et actions des résistants corses, Paulin Colonna d'Istria est né en Corse, le 27 juillet 1905 à Petreto-Bicchisano. Il opte pour une carrière militaire : après des études au collège militaire d'Autun, puis à Saint-Maixent, il est lieutenant à 25 ans. ll choisit alors la gendarmerie. Il a déjà acquis une expérience du combat puisque, avant Saint-Maixent, il a participé dans un régiment de tirailleurs algériens à la guerre du Rif menée contre Abd-el-Krim jusqu'en 1926. Il est en poste en Algérie avec le grade de capitaine et adjoint au général commandant la gendarmerie en Afrique du Nord quand se produit le débarquement de novembre 1942. Le général Giraud, qui le sait désireux d'agir pour la Corse, le désigne pour remplacer le commandant de Saule à la tête de la mission Pearl Harbour. La Corse traverse une période très difficile : la répression exercée par l'OVRA y atteint un paroxysme. En mars 1943, le réseau gaulliste R2 Corse a été démantelé et son chef, Fred Scamaroni, arrêté le 18 mars, s'est suicidé le lendemain. Auteur:
Hélène Chaubin
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Bio : Roger de Saule de Saule Roger
![]() Roger de Saule est né en 1889 à Bruges (Belgique). Ancien magistrat, expert éprouvé de l’espionnage et des services spéciaux, on fait appel à lui pour diriger le commando de la mission secrète Pearl Harbor en relation avec Alger. De son vrai nom Robert de Schrevel, ancien combattant de 1914-1918, engagé dans la Légion étrangère en 1939, il travaille à partir de la fin 1939 aux Pays-Bas comme attaché de la force aérienne au sein de la légation française puis il reçoit la direction de l’antenne du SR Air (Service de Renseignement militaire de l’armée de l’Air française) à Poligny (Jura) notamment pour obtenir des informations auprès d’un réseau de Belgo-Hollandais sur les champs d’aviation allemands en Belgique et aux Pays-Bays. En 1941, le SR Air est en liaison radio avec le service secret britannique M16. En novembre 1942, le personnel du SR Air est obligé d’évacuer vers l’Afrique du Nord et de Saule se retrouve donc à Alger. |
Bio : Henri Giraud Giraud Henri
![]() (1879-1949) - Le général Henri Honoré Giraud, né le 18 janvier 1879 à Paris 13e et mort le 11 mars 1949 à Dijon (Côte-d'Or), est un militaire et homme politique français, général de brigade à partir de 1930, puis général d'armée à partir de 1936. Henri Giraud a servi durant la Première Guerre mondiale, la Guerre du Rif et la Seconde Guerre mondiale ; dans le cadre de ce dernier conflit, il est considéré comme l'une des principales figures du processus qui a mené à la Libération. |
Bio : Godefroy Scamaroni Scamaroni Godefroy
![]() Agent des Forces françaises libres (FFL), Compagnon de la Libération, il a voulu, en créant dans son île natale un réseau de renseignement, la soustraire aux visées fascistes, y préparer un débarquement allié, et en faire la première étape de la libération de la métropole tout entière. Dès 1940, il s'est totalement dévoué à cette cause.Godefroy (dit Fred), François-Jules Scamaroni, est né le 24 octobre 1914 à Ajaccio. Son père, d'abord avocat au barreau de Paris, a opté pour une carrière préfectorale. A sa mort, survenue à 47 ans, le 1er février 1938, il est préfet du Loiret. Sa mère est Charlotte de Peretti, soeur de Jean de Peretti. Elle est née à Ajaccio en mars 1891. Fred Scamaroni a deux soeurs, Marie-Claire, l'ainée, et Annick, la benjamine. Cette famille est proche des milieux radicaux-socialistes. Fred Scamaroni, étudiant en 1934, participe aux côtés de la gauche, aux manifestations de février 1934. Il obtient une licence en droit et passe le concours de chef de cabinet de préfecture. Il fait ses débuts à Besançon après un service militaire effectué à l' Ecole d'officiers de réserve de St-Maixent. En 1937, il est sous-lieutenant au 65e régiment d'infanterie de Nantes. Ses objectifs majeurs sont en Corse, son pays natal, dont il mesure toute l'importance stratégique et où il espére un débarquement allié, qui serait préparé et soutenu par le réseau FFL R2 Corse, sous l'autorité du général de Gaulle. Il y fait un deuxième voyage en octobre avant d'être rappelé à Londres en décembre 1941. En 1942, il est intégré à l'état-major particulier de De Gaulle et suit un stage de formation au BCRA . Son pseudo est François-Edmond Severi. Son ordre de mission pour la Corse, Sea Urchin, est signé le 9 décembre. Le 17 décembre, il est à Alger où le général Giraud ignore le réseau FFL. Il gagne la Corse, occupée depuis le 11 novembre 1942, sur un sous-marin britannique, dans la nuit du 6 au 7 janvier 1943. Il a de faux papiers au nom de Joseph Grimaldi, représentant de commerce. Il débarque dans le golfe du Valinco avec un radio, Hellier, un officier anglais spécialiste du repérage des terrains d'atterrissage, des matériels et des fonds. Il gagne Ajaccio par des moyens de fortune pour rencontrer Archange Raimondi. Il a d'autres contacts avec Antoine Serafini et Fernand Poli. Fred Scamaroni sait son réseau en partie repéré, mais veut terminer son travail à Ajaccio. Il y est arrêté par l'OVRA dans la maison des Vignocchi, dans la nuit du 18 au 19 mars 1943. Quelques heures après Hellier, huit autres membres du réseau sont arrêtés la même nuit et, pour les autres, la traque va continuer dans les semaines suivantes. Vingt-quatre heures après, Fred Scamaroni, qui a résisté aux interrogatoires, se suicide dans sa cellule de la citadelle d'Ajaccio. L'évêque d'Ajaccio lui refuse l'absoute. Auteur : Hélène Chaubin
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![]() Le H.M.S Trident. A l’embouchure du Travo. 6 avril 1943. Récit de Sir Brooks Richards. Flottille secrètes. Pp 871, 872.Alors que le sous-marin H.M.S. Trident se trouvait en plongée dans la journée précédent l’opération, Newstead (Le lieutenant commandant de bord) reçut un message déplaçant le rendez-vous à un point situé à 20 miles plus au sud, à l’embouchure de la rivière Travo. L’opération elle-même qui eut lieu la nuit du 6 avril, avec une lune à son quartier, fut relativement simple : l’équipe S.O.E. se rendit à terre en pagayant vers la terre dans un canot pneumatique, guidée par Courtney et Lunn dans un canoë Folboat, dont la tâche était de maintenir le groupe au bon cap vers l’embouchure de la rivière. Ils approchèrent du rivage en silence, les parfums du maquis portés par le vent devenant plus forts et plus lourds. […] Une fois à terre, les hommes débarqués du pneumatique abandonnèrent toute retenue et se joignirent aux hommes du comité de réception, en leur parlant à haute voix. De Saule dit à Colonna d’entrer en contact avec Pierre Griffi, qui le mettrait au courant de la situation […] Courtney et Lunn étaient impatients de repartir : de Saule et Jickell, qui avaient échappé à l’arrestation lors de la capture de Scamaroni et d’Hellier par l’OVRA, furent accompagnés dans le dinghy que remorquait le Folboat. […] Bien que de Saule ait été recueilli, d’autres personnes associées à sa mission Pearl Harbor devant être évacuées s’étaient rendues au rendez-vous d’origine sur la côte à 20 miles plus au nord, au cas où le message changeant le point de rendez-vous ne serait pas parvenu au sous-marin. Aussi Newstead vira vers le nord en espérant les recueillir ; parmi elles, devait se trouver Pierre Griffi, l’opérateur radio de de Saule. […] La tentative échoua. |
![]() Le H.M.S. Sybil. Extrait de « Flottilles secrètes » (Sir Brooks Richards. Ed. MDV)En juin, vers le 15 1, le sous-marin HMS Sybil (Lieutenant E.J.D. Turner, R.N.) fut envoyé au sud de la Corse avec une livraison d’armes. Il emmenait également le lieutenant R.J. Laming, R.N.V.R. et le premier-maître Sam Smalley, de la section navale du S.O.E. qui formaient l’équipe du convoyage. Il était prévu que Laming rencontre Colonna [Paulin Colonna d’Istria] et s’entretienne de la situation avec lui. Colonna était au point de rendez-vous et vient à bord pour cette discussion pendant qu’on débarquait les approvisionnements. Alors que les embarcations s’éloignaient vers la plage après les derniers chargements, les Italiens donnèrent l’alarme et commencèrent à tirer en direction de la mer. Les patriotes sur la plage parvinrent à se dégager en combattant avec le matériel débarqué, mais Colonna se retrouva coincé à bord du sous-marin. N’arrivant pas à reprendre contact avec ses hommes à terre la nuit suivante, il dut se résoudre à retourner à Alger à bord du navire. Cette mésaventure s’avéra heureuse. Le commandement allié, ayant décidé un grand débarquement en Sicile (Opération Husky), décréta le 21 juin que la libération de la Corse devait être une responsabilité française. [Elle fut bien, exclusivement française].
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![]() Extraits du livre de Maurice Choury La Résistance en Corse -Tous bandits d’honneur - Éditions sociales (1968) - La Marge Edition (1988); Éditions Piazzola septembre (2011)Le Sous-marin Sybil à Travo.Le récit de Dominique Lucchini (Ribellu) L'équipe comprend outre Colonna [Paulin], Jean [Nicoli], Jules [Mondoloni] et moi: Bébé Arrighi, Dominique Vincetti et un gars du Niolo. Elle se rassemble à la ferme de Dominique Poli près de l'embouchure du Travo où se trouvent déjà Poli, dit le Douanier, et un meunier de la région. Nous partons en reconnaissance et nous repérons un poste italien en surplomb de la plage. La nuit venue, nous nous rendons au point fixé. Un canot, venu sans attendre les signaux, débarquait déjà les armes! Le chef du commando de débarquement, un Anglais, nous dit, en montrant les lourdes caisses: «Demain soir encore autant», et repart après avoir embarqué Colonna, celui-ci désirant prendre contact avec le commandant du sous-marin. A ce moment, le poste italien ouvre le feu. Pendant que nous cachons les caisses, le canot rejoint le sous-marin dont le kiosque seul émerge, et Colonna reste à bord. Une mitrailleuse s'enraye après avoir tiré trois coups. Le sous-marin n'est pas atteint 1. Le groupe se replie dans un champ de blé. C'est tout de même malheureux de voir arriver les premières armes et de les laisser là! On retourne donc sur la plage et jusqu'au jour on coltine les caisses qu'on répartit en trois dépôts, le dernier au-dessus de la ligne de chemin de fer pour pouvoir l'évacuer rapidement en montagne en cas de nouvelle surprise. Le lendemain matin, je retourne à la plage accompagné du meunier pour voir si nous n'avons rien oublié. «N'allez pas vous faire remarquer avec vos mitraillettes», nous dit Jean Nicoli, et il me donne son revolver d'ordonnance et au meunier un colt. Nous retraversons le champ de blé. Avant de me diriger vers la plage, je veux observer le secteur. Au moment où je lève les bras pour saisir les basses branches d'un gros poirier sauvage, j'aperçois trois carabiniers sur le chemin bordant le champ. Je fais signe au meunier et nous filons à quatre pattes dans les blés. Comme nous arrivons à un mur de pierres sèches, nos trois poursuivants 2 surgissent et crient: «Pianta o sparo» 3 en nous mettant en joue. Le meunier reste debout. Je me dis: si je me sauve, ils le tuent. Et je me lève... - Documenti? Je sors ma carte d'identité Le lieutenant fouille mon portefeuille. Les deux carabiniers sont des colosses. Comment s'en débarrasser? - Vous allez nous suivre à Solenzara pour vérification d'identité. Nous voilà partis vers l'embranchement qui mène à la ferme de Dominique Poli, moi devant, encadré des deux carabiniers, le meunier derrière, un filet de pêche sur l'épaule et parlant avec le lieutenant. Je me dis: il va le descendre avec son colt et je m'occuperai des deux autres. Rien. On arrive sur la route nationale. Le lieutenant s'isole dix minutes avec le meunier et revient en criant aux carabiniers: «Fouillez-le.» Je me revois, avec le veston noir que m'avait donné Jean et le chapeau gris tout neuf de Colonna! Pendant que les carabiniers retirent l'arme de l'épaule pour me fouiller, je fais le geste d'ouvrir tranquillement la veste en disant: «Vous pouvez vérifier, je n'ai rien sur moi.» En l'espace d'un éclair - l'esprit est agile dans ces cas-là - je pense: s'ils me prennent le revolver, ou bien ils me tuent ou bien ils me passent les menottes et quand les copains les attaqueront tout à l'heure, les carabiniers me descendront. Je sors le revolver. Avant que j'aie pu tirer, six mains s'abattent dessus, essayant de me faire baisser le canon et vider le chargeur. L'instinct de conservation décuple mes forces: ils avaient beau m'appuyer sur l'index, il était de fer. Pas un de mes trois adversaires ne pense à me lâcher pour prendre du champ et m'abattre! Dans la lutte, un des carabiniers met la paume devant le canon. Je tire. La main percée, il s'écarte, bousculant le second qui lâche mon revolver, et me prend à bras le corps. J'appuie l'arme sur son bras et je tire. Deux coups. Il tombe. L'homme à la main blessée saute à nouveau sur mon revolver et le lieutenant me bondissant sur le dos essaie de m'étrangler. Je lui fais un croche-pied, il bascule dans le fossé, pendant que je tombe à la renverse sur celui qui me bloque le bras droit. D'un coup de tête, j'envoie rouler à nouveau le lieutenant qui essayait de se relever. L'autre, toujours me tenant le bras, me bâillonne de sa main blessée. D'un coup de dents, je lui broie les doigts. La douleur lui fait lâcher prise. Je lui envoie les pieds dans la figure. Il tombe en arrière. «Pan! Pan!» je le liquide. Je vise le lieutenant qui s'enfuit, mais je n'ai plus de balles. J'avais dû tirer un coup de plus que je ne croyais. Le carabinier blessé au bras, que j'estimais hors de combat, essaie de me coucher en joue avec son mousqueton. Je le prends à bras le corps et, de toutes mes forces, je le lance par terre sur le crâne. Le lieutenant s'était évaporé... Au village, on prélève sur la demi ration de pain pour ravitaailler les gars du maquis Au premier plan à gauche, lelégendaire Ribello, la terreur des carabiniers Tout cela se passait à soixante mètres d'une baraque abritant le poste de garde d'un pont. Pour donner une idée de la rapidité de la bagarre, les hommes de garde, assis à l'ombre sur le pas de la porte, au premier coup de feu, ressortaient seulement du poste, mousquetons en main, quand j'achevais le deuxième carabinier... Quelques minutes plus tard, toute l'équipe, sauf le meunier (il s'était constitué prisonnier une deuxième fois) se retrouve, sans s'être donné le mot, au troisième dépôt, au-dessus de la ligne de chemin de fer. Nous en récupérons les armes et nous nous séparons, après avoir franchi les montagnes, dans la région de Zicavo. Dominique Vincetti et Bébé Arrighi prennent le train à Vivario pour rejoindre Bastia. Jean Nicoli et Jules Mondoloni. en descendant sur Ajaccio, s'accrocheront avec une patrouille, près de Petreto-Bicchisano. Dans la région de Serra-di-Scopamène, j'organise une équipe de muletiers pour récupérer les deux derniers dépôts et je repars sur le Travo où je fais chou blanc. Dominique Vincetti m'avait devancé. Il avait remis les armes aux patriotes du Fium'Orbo.» |