L’hommage du général de Gaulle au "premier morceau libéré de la France" - L'omaghju di u generale de Gaulle a u "primu pizzatellu du Francia libaratu"

Le général de Gaulle effectue, du 5 au 8 octobre 1943, un voyage triomphal dans la Corse libérée. Les journaux et les actualités témoignent de cet enthousiasme populaire mais aussi de l’émotion de De Gaulle. Ce dernier reconnaît les efforts et les sacrifices consentis par les Corses : « La Corse a la fortune et l’honneur d’être le premier morceau libéré de la France…. Les patriotes corses, groupés par le Front national, auraient pu attendre que la victoire des armées réglât heureusement leur destin. Mais ils voulaient eux-mêmes être vainqueurs…. »

Discours prononcé par le Général de Gaulle le 5 octobre 1943

Ce voyage n’était pas sans enjeux pour le général de Gaulle, informé très tardivement par Giraud de l’envoi de troupes françaises pour appuyer l’insurrection corse. Et la prépondérance des communistes au sein du Front national n’est pas alors sans l’inquiéter.

Ce voyage dans le premier département français libéré est l’occasion, pour De Gaulle, de vérifier son immense popularité acquise depuis juin 1940 et son refus de la défaite. Pour les Corses, comme plus tard, en juin 1944, pour les Normands à Bayeux, il est l’incarnation de la Résistance. Cette légitimité acquise est plus forte que les jeux politiciens qui se jouent à Alger ou les conflits avec les Alliés anglais et américains.

Le général de Gaulle profite de se voyage pour juger de la situation politique sur place. Il appuie le préfet nommé par le CFLN dans sa mission de rétablir la légalité républicaine et le pluralisme politique : ce fonctionnaire n’est autre que Charles Luizet, compagnon de la Libération et futur Préfet de police de Paris. Un autre homme a joué un grand rôle dans le maintien de l’ordre public à Ajaccio : Henri Maillot, cousin du général de Gaulle… et membre du Front national !

En définitive, la situation particulière de la Corse aura permis de renforcer le poids du général de Gaulle au sein du CFLN, et en particulier sa volonté de mettre en place les structures administratives de la France libérée, dans le cadre du pluralisme politique et sous l’autorité d’un pouvoir strictement civil.